Ça fait quelques temps que je guette la production Steampunk de Disney. J’espérais je ne sais quoi issu de leur Mechanical Kingdom et j’avais été émerveillé par les chars Steampunk de la Grande Parade des 25 ans de Disneyland Paris. L’année dernière est apparu sur internet une planche sans bulle qui a tout de suite attiré mon attention. On y voyait Mickey, Minnie et Dingo dans un zeppelin amarré dans un port. Le tout avec une esthétique Steam. Autant vous dire que dès que j’ai pu mettre la main sur Mickey et l’océan perdu, je ne me suis pas privé. Voila une superbe BD qui devrait figurer dans la bibliothèque de n’importe quel vaporiste qui se respecte.
Mickey est l’océan perdu s’inscrit dans une série de reprise des Standard Characters de Disney par de talentueux auteurs. Celle-ci permet, entre autres choses, d’apporter une vision des personnages iconiques de la firme américaine qui diffère un peu du carcan graphique dans lequel ils sont généralement enfermés.
Après Trondheim, Loisel, Keramidas, ce sont maintenant Pierre-Denis Filippi et Silvio Camboni qui se charge d’emmener Mickey dans un univers Steampunk. Camboni et Filippi ne sont pas des débutants du Steam. Ils sont derrière la très bonne série Le Voyage Extraordinaire également chez Glénat (série dont je vous reparlerai sous peu).
J’avoue, je n’ai jamais été un fan ultime de Disney. Je n’ai pas de nostalgie particulière car je n’ai pas été élevé dans une famille où Walt avait réellement sa place. Chez moi, on était plutôt Ralph Baskshi (Le seigneur des anneaux et Fire and Ice), Metal Hurlant, Mme Brisby et le secret de Nimh que Bambi, Merlin l’Enchanteur et Blanche Neige. Merci Papa !
J’y suis venu sur le tard, principalement grâce à Pixar puis avec la superbe exposition du Grand Palais il y a quelques années. Mon souvenir le plus lointain est une veille encyclopédie Disney de la fin des années 70, début 80 et l’abonnement à Picsou Magazine au nom d’un de mes cousins. Je devais avoir 7- 8 ans et les périodiques arrivaient chez ma grand-mère, on les dévorait avant d’imaginer nos propres aventures. Puis virent les films des années 90 comme The Rocketeer.
Mais revenons à la Bande Dessinée.
Au premier regard, on est en face d’un superbe objet. J’aime bien quand la forme sert le fond. Et là, avec cette belle couverture en toile et sa reliure tissu, j’ai l’impression de tenir un bouquin fait à l’ancienne.
Mickey et l’océan perdu, une histoire simple mais pleine de rebondissements.
Mickey, Minnie et Dingo forment une équipe de fossoyeurs, de recycleurs d’épaves. Ils sont à la recherche d’objets, de technologies oubliées et surtout de cette source d’énergie fabuleuse et rarissime : la Coralite. On y retrouve également Pat Hibulaire, l’ennemie juré de la bande, qui est exactement sur le même créneau. Lui aussi pille des épaves et si possible vole les découverte de la bande à Mickey. Ils sont respectivement engagés par une équipe de scientifiques pour retrouver une machine au fin fond de l’océan. Je ne vais pas livrer toute l’intrigue mais rien ne se passe comme prévu, et en gros, la gravité de l’eau est inversée ce qui provoque un cataclysme planétaire et les ennemies de toujours vont devoir s’allier pour rétablir l’équilibre du monde tout en combattant des méchants, vraiment très, très méchants. Le scénario simple n’en reste pas moins servi par de multiples rebondissements qui rendent la lecture agréable malgré une fin carrément abrupte !
Les habitués des aventures de la petite souris pourraient cependant être un poil désarçonnés par le traitement des personnages secondaires. Je rejoins d’ailleurs Gnapp BD sur son analyse. Pas la peine d’évoquer trop Mickey, au centre de l’histoire, dans son rôle de héros. La bonne surprise vient de Minnie. D’habitude, ce personnage est plutôt effacé et sert de faire-valoir aux autres protagonistes. Là, elle gagne en épaisseur et dévient l’égale de son compagnon (un peu de féminisme chez Disney ça fait du bien). C’est Dingo qui désarme, on a perdu notre gaffeur ! Je ne le reconnais plus. Il est intelligent, contenu rien à voir avec le grand dadais mou et maladroit à la Jar Jar Binks.
Un dessin époustouflant.
La grande force de cette BD réside dans son dessin. Le traitement graphique est magnifique. Ça foisonne, c’est précis, c’est immersif, c’est intense. Tout est minutieux. J’aurais pu passer des heures à fouiner chaque page à la recherche du moindre détail. En cherchant bien, il y a même quelques hommages.
Et regardez-moi ces doubles pages !
Je n’avais qu’une seule envie, découvrir ce monde par moi-même. (Allez Disney, fais moi un land !) Bref c’est beau. J’aime également la couleur qui apporte un aspect suranné, doux, vieillot, nostalgique. Cette patine est parfaite pour une l’ambiance retro désirée.
En terme de Steampunk à proprement parlé, les amateurs ne seront pas perdus. Comme vous pouvez le voir sur ces premières pages, beaucoup des codes du mouvement sont là. Zeppelins, scaphandres, cuir, cuivre, goggles avec une touche de post apo sont mélangés avec une technologie très avancée (des drones contrôlés par l’esprit).
C’est joli et bien foutu.
En conclusion, fan ou pas de Mickey, cette BD n’en reste pas moins une belle lecture et un magnifique objet qui vaut principalement pour les incroyables illustrations qui le composent.
Fiche technique
Titre : Mickey et l’océan perdu
Auteurs : Filipi / Camboni
Editeur : Glénat
Date de sortie : 03.01.2018
ISBN : 9782344025055
Prix : 15E
Synopsis : Le monde est enfin en paix après des années de conflit. Mickey, Minnie et Dingo sont récupérateurs. Leur mission : explorer les épaves de l’ancienne guerre en quête de ressources technologiques. Activité dans laquelle ils peuvent compter sur Pat Hibulaire pour leur mener la vie dure ! Un jour, répondant à une annonce, nos trois comparses mettent la main sur un cube étrange situé dans les profondeurs de l’océan. Ils n’imaginent pas les véritables motivations de leur commanditaire ni l’étendue des pouvoirs de cet artefact, à première vue inoffensif…