Le premier artiste que je voudrais vous faire découvrir est James Ng (prononcez Ing). Illustrateur freelance, concept artist et product designer, James offre une relecture intéressante de sa culture sino-hongkongaise par le biais du Steampunk, en particulier dans sa série Imperial Steam & Light. Le travail de James Ng apparaît dans de nombreux ouvrages tels que La Bible Steampunk ou Steampunk: The Art of Victorian Futurism.
Je vous propose également d’en savoir plus sur son art en fin d’article.
5 questions à James NG:
Pourquoi avoir décidé de mélanger culture chinoise et Révolution Industrielle ?
J’ai toujours été intéressé par l’histoire chinoise, en particulier par la Dynastie Qing (1636 – 1912) qui fut la dernière dynastie Impériale en Chine avant la modernisation. A cette époque, la Chine était ravagée par des conflits internes et subissait une forte pression étrangère. Une des raisons pour lesquelles ces puissances étrangères avaient une telle influence sur le pays est qu’elles étaient bien plus industrialisées que la Chine. Depuis cette époque, l’Ouest industrialisé s’est imposé comme un modèle de société moderne poussant le reste du monde à suivre.
L’idée de la série Imperial Steam & Light est basée sur les possibilités d’un monde dans lequel la Chine Impériale serait la première nation à avoir embrassé la Révolution Industrielle.
Et si la Chine Impériale était devenue le standard que les autres pays devaient imiter, comment serait le monde aujourd’hui ? Est-ce que les gratte-ciel ressembleraient à des temples ? Est-ce que les voitures ressembleraient à des fiacres ? Est-ce que la Chine serait encore un empire, et quel serait l’impact sur la société, l’imagination, les sciences et la technologie ?
Quel est votre process créatif ? Comment travaillez-vous ?
Je me trouve assez chanceux de ne jamais avoir été confronté au syndrome de la page blanche. A aucun moment je ne me suis retrouvé à cours d’idées. Au contraire, mon process créatif commence d’abord par sélectionner une des multiples idées qui trainent dans ma tête. Pour Imperial Steam & Light, je suis devenu très sélectif sur les concepts qui pourraient potentiellement devenir une oeuvre d’art, car la série devenait de plus en plus populaire. La plupart de mes fans sont des occidentaux et Hollywood a réduit la culture chinoise au Kung Fu et au Dimsum. Je me suis dit que je pourrais leur faire découvrir autre chose de mon patrimoine culturel. La prochaine étape pour cette série est un comic book sur lequel je travaille depuis 1 an. Ce sera une uchronie dans laquelle la Chine s’est transformé grâce à la Révolution Industrielle.
Mon procédé créatif de l’idée à l’oeuvre d’art commence toujours par une phase de croquis, beaucoup de croquis. J’ai une idée et je griffonne jusqu’à ce qu’un design ou une combinaison d’éléments émerge. Alors, je commence à me documenter, à rechercher des visuels de référence pour que mon design soit plus réaliste.
J’ai plus d’expérience aujourd’hui et j’arrive à porter un regard plus critique sur mon propre travail. Je suis à même juger si mon concept fonctionne. Mon process créatif est de plus en plus linéaire.
Que vous a apporté votre expérience pour les bières Steamworks Brewery ?
De la fierté. La brasserie Steamworks Brewery est située à Vancouver, ma deuxième maison. Je n’y vis plus mais j’ai de très jolis souvenirs de mes étés passés là-bas et de mon enfance à l’école primaire. Beaucoup de mes amis fréquentent la brasserie maintenant et m’envoient des photos d’eux-même en train d’apprécier les bières arborant mes designs.
Quel est votre rêve ultime d’artiste ?
Mon rêve d’artiste ultime serait que mon comic-book soit repéré et qu’on en fasse un film ou un jeu vidéo. J’ai eu quelques touches avec des studios mais je n’ai pas collaboré pour l’instant. C’est trop tôt. Je voudrais d’abord que le premier tome de ma BD sorte à la sueur de mon front. Je veux qu’il soit la forme la plus pure de mon idée avant d’aller plus loin et de collaborer avec d’autres. En fait, je vis un peu mon rêve en ce moment, faire que le comic-book devienne quelque chose d’énorme est le but final, mais ce qui me plait est le chemin pour y arriver et l’effort quotidien que cela demande.
Considérez-vous votre travail comme Steampunk ?
En fait, je ne connaissais pas le terme Steampunk quand j’ai commencé ce projet. Je m’inspirais de l’Histoire et de “Et si ?” que j’évoquais un peu plus haut. La présence de machines à vapeur dans mes dessins est juste dûe au fait que c’était la technologie de l’époque. Quand j’ai publié mon travail sur le net, les internautes l’ont qualifié de “Steampunk Chinois”. J’ai googlé le mot Steampunk et je suis tombé amoureux au premier regard de cette esthétique. En vrai, j’avais croisé l’esthétique Steampunk auparavant, et cela me plaisait beaucoup. Mais je ne savais pas que c’était un genre au final. Le Steampunk a énormément crû en popularité comparé à mes débuts.
Et oui, je me considère tout à fait comme un artiste Steampunk et j’en suis très fier. Sans le soutien de la communauté Steampunk quand j’ai commencé Imperial Steam & Light, je n’aurais jamais cru autant dans la valeur de ce concept.
Imperial Steam & Light représente aujourd’hui le coeur de ma passion et de ma carrière. Je travaille sur mon comic-book tous les jours et rien de cela n’aurait pu être possible sans le soutien de la communauté. Alors merci à toutes et à tous !
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